Votre boîte aux lettres affiche 97 nouveaux e-mails. En tête de liste, celui de votre patron, qui vous rappelle un important webinar. Votre client, lui, vous a déjà laissé un message vocal et un SMS. Et maintenant, deux pop-up bombardent votre écran tactile : un rappel du calendrier et un message instantané. La semaine débute à peine que, déjà, le stress électronique vous guette – et cela n’a rien d’un concept fumeux.
Psychologues, cogniticiens et sociologues du travail observent ses effets tous les jours, sans pour autant nier l’apport des nouvelles technologies. Smartphones, tablettes ou ordinateurs portables relient en permanence, comme un cordon ombilical, l’employé à son employeur. De plus en plus souvent utilisés aussi en dehors des heures de travail, ils estompent la limite entre vie professionnelle et vie privée. Ce qui crée du « technostress » pour nombre de collaborateurs. Comment cette maladie moderne se traduit-elle en pratique ?
D’abord, par l’utilisation massive du mail. Selon une récente étude de McKinsey, un salarié passe en moyenne 28 % de son temps de travail hebdomadaire à lire, écrire et trier son flot de mails. Ensuite, par la multiplication des canaux : réseaux sociaux, internes et externes, et autres outils de collaboration en ligne. Au travail, c’est l’explosion. Les couches de communication s’empilent. Pour 46 % de la génération Y, les réseaux sociaux sont un outil de travail à part entière, selon une étude OpinionWay-Kaspersky Lab. Les 25-30 ans se connectent en moyenne 6,4 fois par jour aux réseaux sociaux, Facebook en tête, depuis leur travail, avec une fréquence quasiment identique en situation de mobilité (6,3) ou depuis leur domicile (7,4).
Enfin, par le recours récurrent aux objets connectés. D’une enquête en ligne réalisée par le syndicat socialiste FGTB – au cours de laquelle 1.760 employés ont été interrogés entre le 20 mars et le 10 avril 2013 –, il ressort que 92 % des personnes recourent à un GSM, un smartphone ou encore à un ordinateur pour effectuer leur travail. Le revers de la médaille est impressionnant : sept personnes interrogées sur dix considèrent ainsi que les GSM, smartphones et autres tablettes sont une source de stress majeure pendant et en dehors du travail. Le même nombre de travailleurs ressent des douleurs aux épaules, aux bras, aux mains, aux poignets ou aux doigts liées, selon eux, à l’utilisation de ces technologies.
Près de 60 % des travailleurs sondés ont en outre le sentiment de devoir être joignables en dehors des heures de travail et de devoir vérifier l’arrivée de messages à caractère professionnel. Sept personnes interrogées sur dix considèrent que les outils de communication sont des moyens pour l’employeur de contrôler leur travail. Ces nouvelles façons de communiquer au travail ont un immense atout : la traçabilité des échanges. Mais elles ont aussi des limites. La principale : l’exigence de réactivité qui induit un risque d’overdose. C’est la notion de « cadrus interruptus », les cadres sont en moyenne interrompus toutes les trois minutes par un message, cela génère du stress car l’individu n’a pas plus la possibilité de travailler sur une longue distance. Il ressort enfin de cette enquête que les mesures de prévention se font attendre. Un travailleur sur deux estime ainsi que les menaces que font peser ces technologies ne donnent lieu à aucune mesure particulière.
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